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Retour sur le 6e colloque Humanistica à Dakar au Sénégal (22-25 avril 2025)

L’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar au Sénégal a accueilli du 22 au 25 avril 2025 le 6e colloque de l’association Humanistica, qui promeut la recherche en humanité numérique dans l’espace francophone. Cet événement a été l’occasion de rencontres scientifiques et humaines très enrichissantes, donnant lieu à des échanges pointus sur les pratiques et l’intégration du numérique dans les SHS. Ces réflexions se sont révélées particulièrement foisonnantes pour l’espace continental africain, du Maroc au Cameroun. Le colloque a mis à l’honneur l’IA, interrogeant aussi bien l’aspect technique que ses usages dans les SHS (par ex. la session intitulée « Intelligence artificielle : pratiques et cas d’usages en SHS »), tout comme sa réception et sa mise en œuvre sur le continent africain. Des échanges stimulants ont eu lieu sur ces questions lors de l’intervention de Bernard Dione (Questionnements éthiques et humanités numériques : quels impacts sur l’exploitation des données patrimoniales par les chercheurs en SHS) ou encore celle de Djibril Diakhaté (Intelligence Artificielle et recherche en SHS en Afrique : tensions entre innovation, disponibilité des données et intégrité scientifique). Puisque les départements de l’UCAD ayant œuvré à l’organisation et au bon déroulement du colloque sont surtout ancrés dans les champs de la linguistique et de la documentation, il n’est pas surprenant que ces disciplines aient été particulièrement représentées dans les différentes sessions. La session plénière assurée par Widad Mustapha El Hadi (Professeure à l’Université Lille III) a été particulièrement saluée par l’ensemble des chercheurs. Sa présentation a montré l’importance comme les limites du recours au numérique dans le cadre des pillages des vestiges archéologiques soudanais pendant les derniers affrontements armés à Khartoum. Le rôle positif des outils numériques a été démontrée par la possibilité de conserver une trace numérique des édifices et des collections détruites. La reconstitution en 3D des vestiges et des bâtiments perdus de la ville de Khartoum a été mis en parallèle avec des projets existants, par exemple avec l’énorme projet Time Machine Europe, quoique dans des proportions relatives et adaptées au contexte. Toutefois, puisque les infrastructures soudanaises ne permettent pas pour le moment de conserver les données numériques dans des conditions convenables, la question de savoir à qui doit revenir cette responsabilité a été posée. Cela alimente le débat sur la restitution du patrimoine d’un pays en guerre. Voilà une limite parmi tant d’autres dans le cadre des conflits armés, qui imposent évidemment de penser au stockage des données numériques et de la restitution de celles-ci dans le cas où un pays puisse les héberger momentanément.

S’il n’était pas possible de suivre l’ensemble des communications puisque des sessions et ateliers ont eu lieu simultanément, il est certain que l’ensemble des présentations ont nourri les débats sur la pratique et l’usage des humanités numériques dans les champs disciplinaires de la sociologie, de l’ethnomusicologie, de l’histoire, de l’archéologie, de la littérature, de la muséologie, ou encore du tourisme. L’auteur de ce billet a également présenté une partie de ses résultats de recherche, en interrogeant l’utilisation des systèmes d’information géographiques pour croiser les données de l’histoire et de l’archéologie dans les régions côtières du Kenya. La rencontre a également été l’occasion de présenter aux participants le consortium Distam et de tisser des contacts qui ouvriront sans doute la voie à de nouvelles collaborations.

Avec un très bel accueil du pays hôte, connu pour la teranga (l’hospitalité sénégalaise), il faut ici remercier l’ensemble des organisateurs côté Sénégal, en particulier Augustin Ndione (Directeur du CLAAD) et Aminata Kane (Maîtresse de Conférence rattachée à l’EBAD), ainsi que du côté français Marie Puren (Présidente de l’association Humanistica) et Adeline Joffres (Secrétaire de l’association Humanistica) pour cette belle opportunité qui a été donnée à l’ensemble des participants. Le 7e colloque de l’association Humanistica se tiendra à Paris au printemps 2026.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Mokri Yanis (20 mai 2025). Retour sur le 6e colloque Humanistica à Dakar au Sénégal (22-25 avril 2025). Carnet hypothèses du consortium Huma-Num DISTAM (DIgital STudies Africa, Asia, Middle East). Consulté le 16 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13yfc


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